Le cœur du lock-out des débardeurs de Québec

Nina Laflamme Conseillère syndicale SCFP

2/16/20242 min read

Le cœur du lock-out des débardeurs de Québec

Le syndicat des débardeurs de Québec est en lock-out depuis 17 mois, et bien qu’ils soient actifs à dénoncer ce conflit, nous continuons d’entendre des commentaires à l’effet « qu’ils sont en grève », et que grassement payés qu’ils sont, ils devraient « cesser de se plaindre et entrer au travail ».

Clarifions une chose : les débardeurs ne sont pas en grève. Ils sont en lock-out. Un lock-out, c’est quand l’employeur cesse d’offrir du travail à ses employés pour les forcer à accepter des conditions de travail qu’ils ne souhaitent pas. L’employeur peut alors avoir recours, dans certains cas, à des travailleurs de remplacement (scabs). C’est ici le cas.

Pour entrer au travail, les débardeurs doivent accepter… l’inacceptable.

Cela signifie entrer au travail alors que l’employeur n’essaye même pas d’offrir des horaires de travail sains et normaux. On veut forcer les débardeurs à réaliser du temps supplémentaire, potentiellement après chaque jour de travail, sans qu’ils ne puissent avoir le choix de s’y soustraire. Sans compter que les horaires sont changeants, de jour, soir, nuit, à 24 h d’avis.

« Vous êtes comme les infirmières! » a déclaré un représentant de l’employeur.

Cette situation est illogique car la santé et la vie de personne ne dépendent des débardeurs de Québec. Des retards à nos activités peuvent être préjudiciables à des intérêts économiques, mais c’est le choix qu’a fait notre employeur en n’embauchant pas et en refusant de mettre en place des conditions attractives de main-d’œuvre. Quelques fois par année, les services des débardeurs sont requis pour alimenter des communautés nordiques ou des navires de grains. Si le temps supplémentaire était obligatoire pour ces activités, il y a longtemps que ce conflit de travail serait réglé.

De plus, les débardeurs ne demandent pas de ne plus faire de temps supplémentaire mais plutôt d’avoir des mécanismes pour s’y soustraire, ponctuellement. Cela relève du gros bon sens.

À partir de quel salaire annuel un employeur a-t-il le loisir de dire à un employé que sa vie lui appartient? Aucun salaire ne vaut cela. Un salaire élevé est versé en compensation d’un travail difficile ou d’un horaire difficile mais cela est vrai et raisonnable jusqu’à un certain point seulement. À Québec, 5e port en importance au Canada, on fait 3 fois le tonnage de Trois-Rivières annuellement, avec 3 fois moins de débardeurs. La pression sur le nombre d’heures travaillées est trop élevée. Ce n’est pas la faute des employés.

Un salaire élevé ne justifie pas qu’on dise à un employé que lorsqu’il entre au travail, il en ressortira si et quand l’employeur le décide. C’est inacceptable.

Tel est le cœur du conflit des débardeurs de Québec dont la résistance est toujours ardente.